8. Deep into the Manor..

La poussière retombe. La zone est dévastée, recouverte de suie, de sang brûlé, de boyaux en tous genres. Lumi gît dans la flaque d'huile que j'ai invoqué. Après qu'on lui ai administré des soins, il reprend ses esprits, et comprend qu'ils lui ont encore une fois échappé. Il laisse faire sans grogner lorsque je récupère sa hache maudite et la cache dans mon havresac. Il se roule même en boule dans un coin de mur de la mezzanine pour panser ses plaies et remettre ses idées en place.

Nowy et Eton interrogent le dernier coupe-jarret qui s'était réfugié dans un placard de la grande salle à manger saccagée. Le dénommé Gort est terrifié par notre puissance, et surtout par les menaces de mort de mes compagnons un peu trop remontés. Je lui assure que nous ne lui ferions aucun mal s'il nous parle et nous aide à trouver une sortie à ce piège métallique qu'est devenu le manoir. Grâce à sa force, jointe à celles des gros bras du forgeron et du guerrier, nous soulevons la lourde porte d'entrée et calons un meuble dessous. Le malandrin ne demande pas son reste et s'enfuit à travers la nuit, après que je lui ai donné une pièce pour le remercier.

Nous nous dirigeons alors vers ce que nous pensons être l'antre du fuyard vampire. Enjeambant facilement le trou sans fond que nous avions détecté plus tôt, nous commençons une longue descente. Un escalier en colimaçon aux proportions titanesques nous mène bien loin sous terre. Nos genoux nous faisant lentement souffrir, nous observons que les murs et marches se parent de symboles occultes à mesure que nous dégravissons. Ils se mèlent à une foultitude d'autres runes, emblèmes sacrés et autres signes cryptiques.

La magie semble être décuplée par leur présence, comme si ces écritures étaient potentes et engorgeaient les flux de mana naturels. L'escalier s'évase enfin pour laisser place à une immense salle de pierre taillée, au fond de laquelle est incrustée une porte dont les double battants mesurent plus d'une dizaine de mètres. Deux géants en armure nous barrent la route, et s'éveillent à l'instant ou le premier d'entre nous pose un pied sur les dalles froides. Leurs yeux flamboyent d'une haine pure et rouge, telles les braises des fourneaux des diables. Il fait d'ailleurs étrangement chaud. Leurs insignes les identifient comme des Chevaliers Templiers de la Tempête, mais il est évident qu'ils sont possédés.

Vidés de leur esprit, la vie ne leur est plus d'aucune valeur. Nous avons donc tôt fait de libérer les pauvres hères. Ouvrant la grande double porte, nous pénétrons dans un couloir parcouru d'une dizaine de statues trop réalistes. Diverses créatures horribles, dont le suceur de sang qui nous a fui, forment une sorte de haie d'honneur. Une plaque de bronze indique que ce sont des "traîtres" à la Confrérie, pétrifiés en punition de leur faute, afin de montrer l'exemple aux autres membres qui pourraient flancher. Eton trouve un parchemin froissé dans la main fermé d'une statue.

L'écriture cite: "Seule la flamme pure peut purifier la flamme corrompue. Les artefacts vrais résonnent avec leurs copies imparfaites. Utilisez cette résonnance pour briser les chaînes de la corruption."

Cette découverte cryptique nous sera certainement utile très prochainement. Nous ouvrons la double porte suivante, et sommes instantanément soufflés de chaleur. Enfin, mes amis le sont. L'ambre qui flotte en moi me protège de la brûlure du lac de lave face à nous. Une construction de chaînes et plaques métalliques flotte au-dessus de la roche en fusion, portant en son centre une forge mystique. Cet édifice est tendu par trois pylônes colossaux tenant aux murs de l'immense pièce naturelle, parcourus d'éclairs.

Trois personnes triment ici, enchaînées à leurs postes de travail et fournissant la forge de leur énergie vitale: Maître Aldrick, un ancien professeur de l'Académie, spécialisé dans la confection d'objets magiques, disparu depuis longtemps.

Dur Rasg, un forgeron nain célèbre, venant de l'Académie Royale de Turil. Et Isilwen, enfin !!